VALÉRIAN RENAULT

duo avec Pascal MAUPEU

Après douze années  de tournée en France et à l’étranger, à explorer une pratique maximaliste de l’arrangement avec son groupe Vendeurs d’Enclume et de nombreux prix (Chorus des Hauts de Seine, Alors chante, Moustaki…), puis son exact contraire avec un spectacle solo, guitare-voix épuré, voici venu le temps de l’entre deux pour Valérian Renault.

Auteur, compositeur, interprète à la plume affûtée, c’est en duo qu’il revient nous faire vibrer, naviguant sur ses douze ans de répertoire, son album « Laisse couler » (coup de coeur Charles Cros) en fil rouge.

En restant dans une approche minimaliste du répertoire, pour laisser toute leur place au texte et à l’interprétation, ce spectacle se veut cependant plus musical, avec l’arrivée à ses côtés de Pascal Maupeu, talentueux guitariste de jazz et de chanson, accompagnateur, entre autres, d’Eric Lareine, et grand improvisateur.

Passant de la guitare folk à l’électrique, cet homme orchestre se caractérise par sa grande sensibilité et la finesse de son accompagnement. La musique et les mots se mêlent et deviennent indissociables. La rencontre des deux guitares permet d’explorer plus loin les émotions, l’énergie organique de la musique, tout en laissant intacte l’intimité entre la scène et la salle, la force des textes. Chaque concert offre ainsi l’occasion d’échanger avec le public, l’invite à jouer lui aussi sa partition, celle des larmes parfois, du rire souvent, de l’émotion toujours.

L’ancien leadeur des Vendeurs d’enclumes s’inscrit dans la lignée d’une chanson française qui allie l’émotion au texte, sans avoir grand-chose à envier à ses prédécesseurs.

Valérian nous éclabousse par sa virtuosité vocale [..] il explore un univers très personnel ; il ne copie pas, il invente un style qui va exploser un jour ou l’autre, c’est une évidence !

Valérian est au-dessus des mot, en lévitation presque, en une interprétation qui force le respect.

Un véritable poète, un orfèvre des mots, qui enrichit la rime et la fait rebondir pour nous livrer de véritables bijoux.

On n’avait pas eu l’occasion de l’applaudir à Paris depuis trop longtemps. Valérian Renault s’est produit en concert unique au Pan Piper, belle salle récente à deux pas des grilles du Père-Lachaise. Pas d’erreur pour la présentation de son album solo « Laisse couler ».

En première partie, Nicolas Jules, qu’on ne présente plus aux adeptes de la chanson française contemporaine. Fidèle à lui-même, il a charmé par son talent de chanteur et de guitariste, et par ses textes étonnamment ciselés. Mais qu’il me pardonne, il faut bien que je le confesse : à chaque fois que je le vois sur une scène, je suis partagée entre le plaisir de l’écouter chanter et l’envie irrépressible de lui hurler mon agacement. Bon sang que ce mec cause ! Quelle habitude irritante que celle de parasiter ses transitions par des digressions à l’humour facile et surtout, plus grave, peu renouvelé d’un spectacle à l’autre. Pourtant, c’est peu de dire que ce type a du talent, et des plus originaux, avec sa voix aux mille timbres et ses vers biscornus et tendres. On ne demanderait pas mieux que de l’apprécier sans ombrage.

Petit entracte en hommage tabagique, et c’est le concert. Pour ceux qui ont connu les Vendeurs d’enclumes, la sobriété du solo peut surprendre. Adieu musique expérimentale, free jazz désarticulé, orchestre à crooner et dépense délirante de volts. Ici, une seule guitare électrique, un pied de micro, et un homme. Enfin… l’homme. Celui des textes que, du coup, on goûte mieux puisque le concept de « chanson maximaliste » * a gentiment été remisé comme toutes ces choses que l’on a un jour forgées sans être réellement convaincu qu’on en avait besoin. Valérian Renault, c’est entendu, a une voix et pas n’importe laquelle – on en reparlera –, mais à la limite on s’en ficherait presque. Parce que ce qui reste, ce sont ses textes. Ses vers regorgent de ce qu’il se fait de plus rare : l’inattendu intelligent qu’on adore savoir par cœur et se le fredonner. Des rythmes installés qu’il aime casser, posant la rime à l’endroit malaisé du poème, avec cette maligne habitude qu’il a de changer en princes tous les crapauds qu’il croise.

On se fait rouler avec joie dans la farine de son talent

Que l’on se laisse bercer par ces morceaux que l’on connaît déjà et que l’on aime aimer comme Paresseux ou T’es belle, ou que l’on soit cueilli au vol par les nouveaux morceaux, finalement on se fait promener, embarquer sans avoir rien vu venir. Avec beaucoup de sincérité, Valérian Renault nous roule dans la précieuse farine de son talent. Sa voix, douceur si tendre autant que cri, crissement, glace limpide, est d’une incroyable matérialité. Moins que des émotions, elle a cette curieuse particularité d’évoquer – d’invoquer ? – des matières, ou plutôt les sensations mêmes que ces matières provoquent. Froid du métal, douceur rêche d’un velours épais, éraflure d’un papier de verre à gros grain, tendresse moelleuse d’un éclat d’aubier…

Et puis il faut bien dire également qu’à l’occasion de ce concert, il a su s’entourer. Guilem Valayé, chanteur du groupe 3 minutes sur mer, et qui lui a donné la réplique, a lui-même un bien joli brin de voix. Leur duo sur Jardin et la Montalbanaise fait chaque fois mouche : les timbres se complètent très harmonieusement dans une complicité toute palpable. Jardin, d’ailleurs, quel texte ! Et quel arrangement aussi ! Car si l’on sait écrire, mettre en musique est non moins un autre métier, et il faut bien reconnaître que Valérian Renault est compétent une fois de plus. J’irai même jusqu’à dire que d’année en année, le bougre s’améliore. Et si sa sensibilité tout à fleur de peau s’est parfois cachée derrière une tendance à la palabre par trop envahissante, l’artiste est parvenu à élaguer le superflu. Encore, s’il en était besoin, une preuve de sa valeur. 

Lise Facchin

* La « chanson maximaliste » était le concept défendu par les Vendeurs d’enclumes, une forme où la musique et le texte ne se servaient pas l’un l’autre, mais s’interpénétraient, s’effaçant tour à tour. Il n’était donc pas rare que des vers sautent ou soient couverts par la musique.

Valérian Renault : c’est cadeau !

Valérian Renault (photo d'archives Pierre Bureau)

Valérian Renault (photo d’archives Pierre Bureau)

Valérian Renault, 29 novembre 2016, salle des fêtes d’Uzay-le-Venon,

Poète à la plume aussi aiguisée qu’une arme blanche, Valérian Renault tranche à vif dans les noirceurs de l’être. Des morceaux de vie qui ressemblent à des errances, des déchirures intimes où pointe cependant une lumière vitale.

Dans ce nouveau spectacle, moins sombre que les précédents, nous voyageons en son univers poétique et musical, bercés par sa voix chaude, tantôt puissante comme l’ouragan, tantôt fragile comme le cristal. Toujours habité par la puissance de sentiments justes, l’ensemble se situe à la frontière de l’humour noir et d’une immense tendresse.

Ses nouvelles chansons, autres perles à son répertoire, ont parfois des accents de douceur, teintée de mélancolie, d’une légèreté proche de la joie à laquelle l’artiste ne nous avait encore pas habitués. Mais l’ensemble de son œuvre nous emmène sur les voies sinueuses des tourments de l’âme que la dérision apaise. Lisière subtile qu’il nous invite à franchir.

Tout au long du concert, Valérian nous offre quelques pauses, des bulles, des parenthèses, où seuls ses textes brillants, brûlants, comme du Rimbaud nous envoûtent. Jamais mièvres, toujours percutants, ses mots mêlés d’encre et de sang confirment l’importance d’une « écriture forte», terreau indispensable à la chanson française.

Sa littérature, portée par une interprétation magistrale, sobre et intense, apporte un moment de majesté au spectacle. Celle-ci se marie très bien avec ses interventions adressées à un public complice de ses farces. Distillées entre chaque chanson, percutantes et légères, emplies d’humour et de malice, elles font partie intégrante de son spectacle et le teintent ainsi d’une autre couleur, celle du rire.

De sa guitare, sa seule compagne sur le plateau, s’échappent des Airs de rien qui font les belles mélodies. Puis, des accords vibrants, plus complexes et violents, épousent ses mots, son phrasé musical, les tricotent et les broient, sans jamais les noyer, les perdre.

Seul en scène, Valérian a la présence et la beauté d’un Gérard Philippe, et « ce charisme », dont les grands ont le secret du partage. Cet artiste talentueux mérite bien la noble appellation, trop galvaudée, de « Poète-Auteur-Compositeur-Interprète ».

A suivre, à partager… sans modération.

La page facebook de Valérian Renault, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là

http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2016/12/03/valerian-renault-cest-cadeau/